A l’instar du secteur de la mode régulièrement pointé du doigt (parce que très mauvais élève sur la question), le secteur du bâtiment se caractérise lui aussi par son impact environnemental considérable, avec des chiffres propres à nous assommer.
Mais faut-il pour autant tout arrêter ? Arrêter de construire et de bâtir ? Bien sûr que non ! Penser autrement, oui. C’est là que l’économie circulaire entre en scène. On vous explique.
50 millions de tonnes de déchets par an
Respirez un grand coup parce qu’on va vous faire le topo avec quelques chiffres. Attention, c’est du lourd. Le secteur du bâtiment génère environ 50 millions de tonnes de déchets par an selon le ministère de l’environnement :
- 65% proviennent de la démolition
- 28% de la réhabilitation
- 7% de la construction neuve.
Quant aux tonnes de déchets générée par le secteur : 40 à 50% de celles-ci sont recyclées. Trop peu ?
Enfin, et on s’arrêtera là : 410 millions de tonnes de matières premières non renouvelables sont extraites annuellement en France (majoritairement pour le BTP). L’impact environnemental global (énergie, eau, qualité de l’air, biodiversité…) de la fabrication des matériaux est donc particulièrement important.
L’économie circulaire dans la construction
C’est par ces constats que le concept d’économie circulaire a commencé ces dernières années à faire son chemin. Le principe ? S’opposant au modèle classique d’économie linéaire l’économie circulaire est lié aux notions de développement durable et de préservation de l’environnement, encourageant les acteurs de la construction à :
- rénover pour réduire à la source la consommation des matières premières
- réparer pour rallonger la vie
- réemployer des produits non neufs
- réutiliser après reconditionnement des matériaux et produits une fois l’objet en fin de vie
- recycler les déchets pour réalimenter les gisements de matières premières.
Vous l’aurez compris : il s’agit bien d’en finir avec les process énergivores et voraces où le développement avançait tous azimuts « à marche forcée », la société et ses acteurs gaspillant volontiers.
Réutiliser, nouveau mot préféré des acteurs de l’immobilier ?
De la même façon que l’obsolescence programmée est devenue un gros mot, l’économie linéaire a vécu ! Aux acteurs désormais de s’engager à grands renforts de chartes et autres manifestes (ce qui ne doit pas être perçu comme uniquement des « vœux pieux » car les choses évoluent en effet), notamment au regard de la Promotion Immobilière qui s’active de plus en plus à réhabiliter.
« Réutiliser et capitaliser sur un ancien bâtiment est bien plus vertueux finalement que de vouloir tout casser pour tout refaire derrière », nous confirmait un acteur immobilier régional. Il poursuivait : « En 2022, cette réflexion fait enfin sens : tous les opérateurs du marché s’y mettent… Contrains et forcés par le législateur ? Sans doute. Toujours est-il nous avons fait ce choix par philosophie et conviction : nous faisons bien partie des précurseurs. »
Et de citer son prochain chantier : un ancien théâtre qu’il va réhabiliter (de la pierre d’origine aux verrières), en utilisant tout à la fois son intérieur (fosse, galeries…) pour en faire un espace dédié à des bureaux et start-ups… tout en le dotant de nouveaux logements (neufs) adjuvants. Soit un beau « mix-produits ».
« Réemployer des produits non-neufs » citions-nous plus haut ? D’autres exemples du secteur de la construction sont d’ores et déjà actés : réutiliser pour un nouveau programme les pierres issues de la démolition de murets préexistants ou encore, récupérer les briques d’un bâtiment pour les réintégrer dans une rue.Même le béton est désormais coulé différemment avec la possibilité d’utiliser du béton recyclé dans la fabrication du nouveau !
Ne plus jeter, ne plus gaspiller : de nouvelles pratiques sont donc bien en train d’émerger, poussées aussi bien par la réglementation (loi de Transition énergétique pour la croissance verte qui fixe d’importants objectifs de recyclage et de valorisation au secteur du bâtiment) que par la prise de conscience des acteurs de l’immobilier.
Éco-conception des bâtiments, matériaux biosourcés et valorisation des déchets : l’économie circulaire, loin de tourner sur elle-même, ne cesse au contraire, d’élever et de renouveler le niveau des pratiques.
